Le Pont Romain
Un ouvrage unique habité, inscrit à l'inventaire des Monuments historiques en 2018
Le pont romain, aussi dénommé, à tort, "Pont Tibère" est l'imposant vestige et témoin du passé antique de la ville et de la région. Avec ses 189 mètres de long et ses 21 arches dont seules 7 restent encore visibles, le pont date vraisemblablement du début du Ier siècle après JC. Ce pont permettait le passage d'une voie romaine secondaire reliant Nîmes à Vieille-Toulouse.
La particularité de cet ouvrage est qu'il fut au Moyen-Âge absorbé par la ville qui s'est développée en contrebas du château dans le lit du fleuve et empiétant ainsi sur le pont. L'ouvrage a subit vraisemblablement des restaurations dès le XVè siècle.
Pourquoi un pont à Sommières ? Sommières se trouve dès l'antiquité au carrefour de voies de communications importantes : l'axe nord-sud qu'est le Vidourle et l'axe est-ouest que constitue la voie romaine reliant Nîmes à Vieille Toulouse. Cette position privilégiée, tout comme la proximité de Nîmes (Némausus), ont permis le développement de la ville dès cette époque avec une cité importante sur Villevieille mais surtout au Moyen-Âge sous la protection du château.
Le pont dont la construction est traditionnellement attribuée à l'Empereur Tibère (19 à 31 ap. J.-C.) serait, selon une étude récente du CNRS, antérieur et daterait de l'époque Augustéenne (charnière entre le Ier siècle av. J.-C. et le Ier siècle ap. J.-C.)
Une ville sur un pont! En effet, à partir des XIIè et XIIIè siècles la ville se développe de par sa position mais aussi grâce aux privilèges qui lui sont accordés par le roi. Elle devient un bourg commercial important et va alors s'étendre dans le lit du fleuve. Pour cela, six arches du pont sont bouchées et des maisons viennent s'y accoler. Les voûtes originelles sont aujourd'hui cachées dans les caves des immeubles construits de part et d’autre du pont. Mais si vous descendez place du Marché, empruntez la rue de la Grave et levez la tête, vous découvrirez les grandes pierres romaines datant de la construction du pont.
De part et d'autre du pont se trouvaient deux tours : la tour crénelée du Beffroi et, lui faisant face de l'autre côté du pont la tour de la Glaizette détruite en 1715.
Les restaurations : La partie visible de cet ouvrage n'a plus rien à voir avec le pont d'origine car il a subi de nombreuses restauration dès à partir du XVè siècle comme l'attestent plusieurs lettres patentes. Des travaux furent réalisés également aux XVIIè et surtout XVIIIè siècles. Ils ont transformé l'aspect du pont antique.
Ces dernières années, le pont à fait l'objets de diverses études notamment de l'entreprise ADM3D qui a numérisé une partie du pont et fait des relevés en 3D. En 2008, le CNRS a fait une étude approfondi du pont pour le colloque national "Les ponts routiers en Gaule romaine".
Le projet de mise en valeur du pont antique, conduit par la ville et étayé par l'étude du Secteur Sauvegardé de Sommières, entreprise par la DRAC Occitanie (Direction Régionale des Affaires Culturelles), permet de découvrir l'image du pont dans sa totalité.
Les nombreuses analyses architecturales, études archéologiques et urbaines, recherches historiques et relevés 3D, ont révélé un regard nouveau sur l'emprise du pont, le nombre d'arches et developpement de l'habitat de part et d'autre de l'édifice. Et aussi un film sur le pont de Sommières avec le concours de la DRAC Languedoc Roussillon, produit par la Société Passé Simple et réalisé par Marc AZEMA.
Aujourd'hui Sommières est la seule ville à secteur sauvegardé du département du Gard à posséder un ouvrage d'art unique en Europe: le pont romain étant l'un des rares édifices de cette époque encore conservé entier, utilisé de nos jours et habité depuis le Moyen Age. Il compte parmi les seuls ponts habités d'Europe aux côtés du célèbre Ponte Vecchio en Italie...
Lors de la Journée Patrimoine de Pays du 19 juin 2011, le film A la recherche des arches perdues de Marc AZEMA (disponible ici) et le livre thématique Le pont de Sommières, redécouverte d'un pont antique habité de Sophie ASPORD MERCIER et Laurent BOISSIER (éditions ERRANCE ACTES SUD) ont été présentés au public en présence des auteurs.